jeudi 6 novembre 2014

Liu An Gua Pian Qiyun (Thé Calin)

Visitons la Chine en général et la province d'Anhui en particulier, avec le Liu An Gua Pian Qiyun de Thé Calin.

Le Liu An Gua Pian est un thé peu connu, malgré qu'il figure sur la fameuse liste des dix thés les plus fameux de Chine (du moins selon certaines sources).  Il faut dire qu'il subit la concurrence féroce de ses prestigieux voisins que sont le Qimen, le Huang Shang Mao Feng et le Tai Ping Hou Kui, qui sont eux aussi originaires de l'Anhui.  Je vais donc tâcher de remédier à tout ça.  Mais avant, un peu de traduction !

Liu An est le nom de la ville où le thé a été créé, ça c'est facile.  Gua Pian, par contre, c'est déjà plus compliqué.  Comme souvent, avec les thés verts chinois, cela fait références à la forme des feuilles.  Certains le traduisent par "en forme de courge", d'autres "tranche de courge" (l'idée reste la même), certains "tranche de melon" (on reste dans les cucurbitacées, mais c'est un peu plus précis) et j'ai même lu une fois "pépin de pastèque" (là on change de registre !). Si vous voulez vous faire une idée, voilà à quoi ressemble les feuilles :


Quant à "Qiyun", c'est un mont des Montagnes Jaunes au pied duquel est produit le thé qui nous occupe en ce moment.  Il se situe dans le sud de l'Anhui, dans la préfecture de Huangshan (celle-là même où se trouve également le district de Qimen, célèbre pour son délicieux thé noir dont je parlerai une autre fois). Son nom signifie "au même niveau que les nuages", ce qui est joli et poétique mais un peu éloigné de la réalité puisqu'il culmine à 585 mètres.  C'est néanmoins une région brumeuse, alternativement brumeuse et ensoleillée, ce qui est appréciable pour la culture du thé.  Enfin, c'est surtout une montagne sacrée du taoïsme, de qui ne gâche rien.

Le Liu An Gua Pian est un thé original à plus d'un titre.  Tout d'abord, c'est le thé vert chinois qui contient le plus d'antioxydants.  C'est sans doute dû au cultivar Du Shan qui est endémique de la région du Mont Qiyun.  La manufacture ne se fait pas comme ailleurs, puisque contrairement à ses collègues les autres thés prestigieux, il est uniquement constitué de feuilles et ne comprend donc aucun bourgeon.  Enfin, la torréfaction sort également de l'ordinaire puisqu'on utilise une sorte de balai comme celui que manipulent ces deux expertes :


Tout cela nous donne une liqueur moelleuse avec de subtiles touches mentholées qui font du Liu An Gua Pian un thé frais et rafraichissant.  Forcément, comme il s'agit d'un thé vert de qualité, j'ai utilisé un gaiwan pour l'infuser.







jeudi 23 octobre 2014

Les Plaisirs purs - le Yuzu (Palais des Thés)

Retour au Japon, avec pour changer un thé aromatisé : Le Yuzu du Palais des Thés

Il s'agit du dernier né de la collection des Plaisirs purs du Palais des Thés, qui allie de très beau thés avec un parfum emprunté à la nature.  Ici, il s'agit d'un shincha grand cru avec (sans surprise) du yuzu.  Je l'ai reçu en échantillon lorsque j'ai acheté ma bouilloire à température variable (dont je suis très content, merci).

Le shincha est un thé vert japonais issu de la première récolte de l'année, considéré comme un des plus fins et délicats au monde.  D'où sa température d'infusion de 70°.  Le nom "shincha" signifie "thé nouveau" (je mets les mots dans cet ordre pour éviter un jeu de mot facile).  Il est attendu chaque année par les amateurs, mais je me refuse à dire qu'il s'agit de l'équivalent du Beaujolais nouveau pour le thé, tant cette vinasse c'est éloignée du vin au fur et à mesure qu'elle succombait aux sirènes du marketing.  Le début de la récolte varie en fonction du climat : si elle commence vers la mi-avril dans le sud-ouest du Japon au climat subtropical (Kyushu), il faut attendre un mois de plus dans les régions centrales (Uji et Shizuoka).  Il peut être issu d'une plantation de sencha comme d'un thé ombragé avec lequel on fera du gyokuro mais est ensuite appelé "shincha" sans autre forme de procès ni indication supplémentaire.  Comme le Palais des Thés annonce un grand cru, j'ai la faiblesse de penser qu'on peut s'attendre à de la qualité.

Le yuzu est un agrume ressemblant à un petit citron mais dont le goût se situe quelque part entre le pamplemousse et la mandarine. Originaire de Chine, il a été introduit à l'époque de la dynastie Tang en Corée et au Japon et ces dans ces deux pays qu'il est désormais le plus cultivé.  L'arbre s'appelle également yuzu, mais les botanistes l'ont classé sous l'appellation "Citrus xjunos".  Il s'agit d'un hybride entre le mandarinier sauvage et un citronnier rustique répondant au doux nom de Citrus inchangensis


Ma théorie sur les thés aromatisés, c'est que les grands crus se suffisent à eux mêmes et n'ont donc pas besoin d'être aromatisés.  C'est sans doute en contradiction flagrante avec mon envie de pouvoir goûter le thé derrière l'aromatisation, mais pas de problème, j'assume et c'est justement pour ne pas avoir ce problème dychotomique que je suis passé du côté nature de la force.  Car j'ai goûté du yuzu (que j'ai trouvé amer, mais si c'est sensé ressemblé au pamplemousse, c'est normal, je ne suis pas fan de cette bête-là), mais pas du tout le shincha.  Or si je bois du thé, c'est surtout pour avoir le goût du thé, surtout lorsqu'il s'agit d'un thé recherché en version grand cru.  

Pourtant j'ai suivi scrupuleusement les conseils d'infusion : ma bouilloire m'a permis d'atteindre précisément les 70°, j'ai moi-même mesuré 30 cl (le minimum de la bouilloire est à 50 cl, c'est la son moindre défaut) et j'ai infusé pendant deux minutes comme la vendeuse théinopalatine me l'avait conseillé (le sachet de l'échantillon indique 2 min - 2 min 30 et le site du Palais des Thés monte carrément jusqu'à 3 minutes).  J'ai obtenu une jolie liqueur fluo made in Japan, mais au goût, il n'y avait que du yuzu.  

Du coup je me demande si c'était bien la peine de gâcher un shincha grand cru pour ça, un simple sencha aurait suffit.  Peut-être que le temps a fait son oeuvre : le shincha est un thé délicat récolté au printemps et sa grande fraicheur demande qu'il soit acheminé le plus vite possible vers ses consommateurs.  Au Japon, on le surnomme "thé de l'avion" car il est expédié rapidement vers l'Europe.  Du coup, comme nous sommes déjà en octobre, je me demande si l'échantillon que j'ai reçu n'avait pas déjà perdu une grande partie de ses arômes.

Pour un autre avis, n'hésitez pas à aller voir chez Hecate, qui a organisé un truel de thés au yuzu (c'est comme ça qu'on appelle un duel à trois, je n'invente rien).






 

lundi 20 octobre 2014

Nuo Mi Xiang Oolong (Tea & Ty)

Grâce à la générosité de Virginie, je suis en mesure de vous parler du Nuo Mi Xiang Oolong de Tea & Ty.

Il s'agit d'un oolong thaïlandais issu du cultivar Jinxuan et mélangé avec une plante locale au goût de riz gluant répondant au doux nom de Nuo Mi Xiang.

Ce thé provient du nord de la Thaïlande, plus précisément de Doi Mae Salong, à la frontière avec la Birmanie, dans cette belle région qu'on appelle le Triangle d'or et qui est connue pour ses plantations de pavots que l'ingéniosité humaine transforme en opium, morphine et héroïne.  Le thé a été introduit dans la région pour donner une alternative aux populations locales et on ne peut que soutenir ce noble projet.

Le cultivar Jinxuan est originaire de Taïwan.  Son nom signifie "parfum de lait" car il produit naturellement des saveurs lactées.  Il est à l'origine de ce qu'on connait en Occident sous le nom de Milky Oolong (dont tous ne sont pas hélas pas des thés natures mais c'est une autre histoire)

J'ai reçu cet échantillon de thé dans une jolie pochette qui avait une délicieuse odeur de riz.  Je parle ici du vrai riz, non pas cette bouillie étrange d'un sac en plastique dont les grandes surfaces nous font croire que c'est ainsi que ça pousse sur les arbres, mais bien du riz en vrac qu'on fait cuire dans deux volumes d'eau jusqu'à absorption totale du liquide.

A l'ouverture de la pochette, l'odeur est un peu moins prononcée, mais est toujours là.  Par contre, après l'infusion, elle avait disparu !  C'est parce que j'ai bêtement suivi les conseils de Tea & Ty, à savoir 5 minutes d'infusion à 95°.  C'est trop long et sans doute trop chaud.  La preuve c'est que j'ai obtenu une liqueur orange alors que je m'attendais à un beau jaune doré comme le Nai Xiang Jin Xuan de Thé Calin que j'apprécie beaucoup.  Celui-là s'infuse seulement deux minutes, mais il s'agit d'un thé taïwanais.  Le Milky Oolong du Palais des Thés (que je n'ai jamais gouté) qui est aussi originaire du nord de la Thaïlande s'infuse également cinq minutes donc je me suis dit que c'était normal.  J'aurais dû suivre ma première impression, le nuo mi xiang est sans doute plus fragile que les feuilles de thé.

Cela dit, le résultat n'est pas désagréable : on obtient une liqueur boisée avec une légère note fruitée qui fait penser à de l'abricot.  La liqueur est également bien corsée que je les aime, mais ça ne fait pas du tout penser à un Jinxuan.  De même, l'odeur de riz si délicieuse des feuilles sèches n'est plus là et c'est dommage.  Heureusement, d'autres que moi ne sont pas tombés dans le panneau et on infusé moins longtemps, voire même moins chaud.  C'est par ici et par .

En attendant, je vous laisse quand même la photos des feuilles et la liqueur.  Par contre, il faudra imaginer l'odeur, mon appareil photo ne la restitue malheureusement pas.





jeudi 9 octobre 2014

Bi Luo Chun Dong Ting (Thé Calin)

Cap sur la Chine en général et la province du Jiangsu en particulier, avec le Bi Luo Chun Dong Ting, de Thé Calin.

Mais avant, tel James Bond, je vous gratifie d'un pré-générique.  Par contre, contrairement à l'agent secret de Sa Gracieuse Majesté, pas de poursuite à ski ni d'explosion de base secrète,  je vais moins spectaculairement parler du gaiwan.  Car un thé figurant sur la liste des dix plus célèbres thés chinois mérite d'être infusé comme en Chine.  Donc je laisse mon fidèle mug en verre borosilicate au repos et je sors mon service en porcelaine Gaiwan Lian Hua copyright Thé Calin.

Je dis bien gaiwan et non pas zhong comme on le voit malheureusement trop souvent (comme par exemple au Palais des Thés, pour ne citer qu'une maison archiconnue).  Gaiwan signifie "bol à couvercle" et est comme son l'indique... un bol à couvercle ! Le zhong est quant à lui une tasse munie d'une anse et d'un couvercle utilisée à Canton. Le gaiwan est petit et évasé et est inséparable de sa soucoupe.  Le zhong est droit et haut et n'a pas de soucoupe.  Bref, ça n'a rien à voir. La confusion vient du fait que Canton a été un port très important pour l'exportation du thé et donc le terme de zhong a injustement supplanté celui de gaiwan.

Utilisé depuis la dynastie Ming, le gaiwan est considéré comme le meilleur ustensile pour infuser les fragiles et délicats thés verts, blancs et jaunes.  Comme les théières en yixing du Gong Fu Cha, il permet de réaliser plusieurs infusions courtes (cinq infusions de 20, 35, 50, 80 et 120 secondes pour le Bi Luo Chun qui nous occupe, par exemple).  Une fois l'infusion finie, on verse la liqueur dans une verseuse en s'aidant du couvercle (et éventuellement d'un filtre) pour maintenir les feuilles dans le gaiwan.  On n'oublie pas également de humer les arômes sur le couvercle, histoire de se donner une première idée de ce qui nous attend.

Comme une photo vaut mieux qu'une longue description, voici celle que j'ai réalisée avec la toute première infusion, celle qu'on verse immédiatement et qui n'est destinée qu'à rincer les feuilles et qui n'est normalement pas faite pour être bue, mais je n'aime pas jeter ce que je fais infuser.


 Le Bi Luo Chun Dong Ting est donc un thé vert chinois, originaire du sud de la province du Jiangsu.  Son nom signifie "Spirale de jade du printemps", en référence à ses feuilles torsadées.  Il est très riche en bourgeons duveteux, qui font penser à de délicats fils de laine au milieu des feuilles vertes.  Enfin, il n'est récolté qu'une fois par an, au printemps, et les théiers poussent au milieu d'arbres fruitiers qui parfument naturellement les feuilles et les bourgeons de leur parfum.
"Dong Ting" fait référence à son lieu de production, une colline située dans le sud de la province du Jiangsu, près du lac Tai et de la ville de Suzhou.  C'est toujours bon de le savoir, car c'est le terroir d'origine.  Comme souvent en Chine avec ce qui est bon, le Bi Luo Chun est souvent copié dans d'autres régions, principalement au Zhejiang (qui devrait plutôt se contenter du Long Jing) et au Sichuan (qui copie aussi le Long Jing).  Leurs feuilles sont plus grandes, moins uniformes, et surtout n'ont pas cet arôme fruitier inimitable.

C'est un thé aux saveurs florales et fruitières, qui m'ont fait penser au thé blanc, mais il a également la puissance végétal d'un thé vert.  Au fil des infusions, les arômes floraux laissent la place au goût végétal.  Il est d'ailleurs très important de ne pas l'infuser avec une eau trop chaude, sinon l'amertume végétale masque complètement le côté floral et ce serait dommage.Thé Calin indique une température de 80°, je préfère descendre à 75° pour ne pas prendre de risque.

S'il est connu depuis la dynastie Ming, son nom de Bi Luo Chun ne lui a été donné que sous la dynastie Qing, par l'empereur Kangxi durant la 38e année de son règne (de 1661 à 1722, soit 61 ans qui en font le plus long règne de l'histoire chinoise, on ne pouvait pas trouver plus prestigieux).  En visite dans le Jiangsu, l'empereur tomba sous le charme du thé qu'on lui servit, mais il trouva son nom de "Xia Sha Ren Xiang" peut digne de sa majesté.  On ne peut pas lui donner tord, puisque cela signifie "Parfum étourdissant" ou "Parfum à faire frémir d'effroi".  Il le rebaptisa donc d'autorité "Bi Luo Chun", c'est à dire "Spirale de jade du printemps", le faisant ainsi entrer dans la légende.  Aujourd'hui encore, il fait partie des dix thés les plus prestigieux de Chine.

Pour terminer, deux photos, représentant les feuilles sèches avant l'infusion et dans le gaiwan après l'infusion.  On peut y voir les bourgeons blancs qui ne sont certes pas aussi nombreux que dans un grade A (j'ai d'ailleurs trouvé une tige au milieu des feuilles ce qui montre que la cueillette n'est pas irréprochable), mais cela fait partie de la philosophie de Thé Calin de privilégier le rapport qualité-prix plutôt que la qualité hors de prix.



dimanche 5 octobre 2014

Sencha Ariake (Palais des Thés)

Encore un thé insulaire avec le Sencha Ariake, du Palais des Thés

Le sencha est le thé vert le plus répandu au Japon, son nom signifie "thé infusé".  Les feuilles sont chauffées à la vapeur et ensuite roulées en aiguilles, ce qui donne au thé une couleur fluo très identifiable et un goût à la fois végétal et iodé.  Celui-ci n'échappe pas à la règle et est en plus très doux, pour peu qu'on respecte la température de l'eau et le temps d'infusion.  Attention d'ailleurs avec l'infusion : le Palais des Thés conseille une à deux minutes, mais il ne faut pas dépasser les soixante secondes sous peine de voir apparaitre de l'amertume qui gâchera un peu la liqueur et ce serait dommage.  Une fois infusées, les feuilles ont une odeur végétale très prononcées, à tel point que j'ai cru un moment que j'avais utilisé de l'herbe coupée plutôt que des feuilles de thé.  Le Japon, c'est toujours étonnant !

Le Palais des Thés indique que le Sencha Ariake provient de la province de Kyushu, ce qui est assez vague en plus d'être incorrect.  D'abord parce que le Japon n'est plus divisé en provinces depuis la création des préfectures modernes en 1871 ; ensuite parce que même à cette époque il n'y en avait pas qu'une puisque le nom de Kyushu signifie "neuf provinces".  En fait, Kyushu est la plus méridionales des quatre principales iles de l'archipel nippon et est considérée comme le lieu de naissance de la civilisation japonaise.  Elle est maintenant divisée en huit préfectures (dont une pour les iles Ryukyu, qui dépendent administrativement de l'ile)

Quant à Ariake, c'est une ancienne ville de la préfecture de Saga, qui depuis 2005 est intégrée à la ville de Shiroishi, dans le district de Kishima.  Elle a donné son nom à la mer d'Ariake (puisqu'au Japon, où qu'on aille, la mer n'est jamais loin).

J'ai vidé mon sachet donc la photo montre surtout tous les petits morceaux de feuille qui étaient au fond et donc on ne voit pas beaucoup les feuilles roulées en aiguilles.






jeudi 2 octobre 2014

Beauté orientale Bai Hao (Thé Calin)

J'inaugure le blog avec un oolong taïwanais : Beauté orientale Bai Hao, de Thé Calin

Ne cherchez pas de boutique de ce nom, Thé Calin n'est active qu'en ligne.  La société est basée à Xiamen, dans le Fujian (en Chine, donc) et ne propose à la vente que des thés chinois (avec quand même une incursion à Taïwan pour les oolongs).  Inutile donc d'y chercher votre Darjeeling préféré ou un Gyokuro d'un bon rapport qualité-prix, ce n'est pas le genre de la maison.  Je risque d'en parler souvent car c'est mon fournisseur préféré : en plus de proposer des thés de qualités à des prix intéressants avec toujours de nombreuses informations précises et détaillées, Thé Calin offre les frais de port à partir de 35€ (pour des colis expédiés depuis la Chine !) et jusqu'à trois échantillons gratuits à partir de 50€.  Bref, ça me force à faire des commandes conséquentes à chaque fois, mais je ne m'en plains pas.

Pour revenir à ce qui nous occupe, Beauté orientale Bai Hao est un oolong particulier.  Provenant de la région de Hsinchu, dans le nord de Taïwan, d'un jardin planté à 1000 mètres d'altitude où les thés ne voient le soleil que le matin et passent l'après-midi dans la brume, il n'est récolté qu'en été et est oxydé à 60%, ce qui le rapproche tout doucement des thés noirs.  Mais sa principale caractéristique est d'être produit avec des feuilles préalablement piquées par un petit insecte de la famille des Cicadelles (pour les curieux, il s'agit précisément de Jacobiasca formosana).  Pour se défendre, la feuille de thé produit des composés aromatiques qui rendent le oolong particulier.

Auparavant, quand un théier était attaqué par les cicadelles, on ne récoltait pas ses feuilles.  Mais un beau jour de la fin du 19e siècle, un planteur en manque de revenus décida de les manufacturer malgré tout, et à sa grande surprise, le thé produit avait un goût très agréable qui séduisit un marchand britannique qui le ramena chez lui sous le nom de "Thé de Formose" (pas très imaginatif, le gaillard...).  La suite de la légende raconte que ce serait la reine Elizabeth II elle-même qui l'aurait baptisé Beauté orientale après l'avoir goûté.

Beauté orientale Bai Hao a trois couleurs avant l'infusion, avec des bourgeons argentés et des feuilles cuivrées et foncées.  La liqueur est également très belle, d'un brun cuivré qui fait penser à un Darjeeling d'été.  Au goût, on retrouve également la puissance d'un Darjeeling, mais avec un délicieux arôme de miel et des notes fruitées.  Thé Calin parle de fruits mûrs et de fruits secs, mais je n'irai pas aussi loin, je suis déjà bien content d'avoir reconnu du fruit en général !

Petite mise en garde avant de terminer : il existe de nombreux Bai Hao Oolong, mais tous ne sont pas des Beautés orientales.  Bai Hao Oolong est le nom générique, mais seul celui récolté en été et piqué par les cicadelles a droit au nom de Beauté orientale, ou"Dong Fang Mei Ren" dans la version originale.  Et pour compliquer un peu les choses au niveau du nom, les planteurs de thé de Hsinchu l'appellent également "Pong Fong Cha", c'est à dire "thé des vantards" (car on n'a pas cru tout de suite le cultivateur audacieux quand il a raconté à quel prix il avait réussi à vendre son thé piqué par les cicadelles).  Enfin, je ne suis pas un spécialiste, mais si l'altitude de production dépasse les 1000 mètres, il devrait pouvoir prétendre à l'appellation "Gao Shan Cha" réservée aux thés de haute montagne.  Débrouillez-vous avec tout ça, maintenant !

Comme un petit dessin vaut mieux qu'un long discours, j'ai tenté de prendre des photos de la chose, d'abord les feuilles avant l'infusion, ensuite la liqueur dans la tasse, mais je ne suis pas certain que mes piètres talents de photographe soient les plus appropriés pour ce genre de choses...


 
Avant de vous libérer, je signale que la cicadelle n'est pas seulement utilisée à Taïwan comme auxiliaire aromatique : on trouve également des Darjeeling qui utilisent cette méthode.

lundi 29 septembre 2014

Vous prendrez bien une tasse de thé ?

Or donc, voici que je me lance à mon tour dans le monde merveilleux et insubmersible des blogs consacrés au thé.  Pourquoi donc ajouter ma pierre à cet édifice déjà bien fourni ?  Tout simplement parce que moi aussi je sais le faire !  Mais ce blog ne risque-t-il pas d'être une simple goutte insignifiante dans l'océan de la blogosphère théinée ?  Certainement, mais comme le disait Anjezë Gonxhe Bojaxhiu : "Si cette goutte n'existait pas, elle manquerait à la mer".  C'est tellement beau que ça se passe de commentaire.

Donc je bois du thé, et après mûre réflexion, j'ai décidé d'en faire profiter celui ou celle qui voudrait bien prendre la peine de me lire.  Mais avant de commencer, il faut savoir quel type de thé m'intéresse.

Si j'ai commencé comme tout le monde avec du thé en sachet, j'ai fini par me tourner vers le thé en vrac qui est bien meilleur, plus intéressant et beaucoup plus diversifié.  C'est comme ça qu'il se boit depuis des millénaires, donc pourquoi changer ?  Enfin, je les bois sans sucre ni rien d'autre, c'est comme ça que c'est le meilleur.

J'ai une nette préférence pour les thés natures (qu'on appelle pompeusement "thés d'origine" alors que ça ne signifie pas grand chose).  Je suis un peu fatigué par tous ces thés aromatisés à l'européenne avec une liste d'ingrédients longue comme le bras et trop souvent chargés en arômes pas toujours très naturels, mais par contre un thé parfumé avec une seule chose parfaitement identifiable peut m'intéresser au plus haut point !

A part ça, thé blanc, thé jaune, thé vert, thé noir, oolong ou pu-erh, qu'importe la liqueur, je bois de tout.  J'ai une nette préférence pour les thés chinois à cause de leur incommensurable diversité, mais je ne dis jamais non à un bon japonais (que je ne connais pas assez à mon goût).  L'Inde n'est pas en reste avec l'Assam (miam !) et le Darjeeling (d'été ou d'automne, mais je trouve la récolte de printemps un peu trop légère ; pour le sud du sous-continent, par contre, c'est encore terra incognita.  Quant au Sri Lanka (c'est ainsi qu'on appelle Ceylan depuis 1972, mais les producteurs de thés s'en moquent comme de leur premier flétrissage), tous les thés que j'ai pu en goûter m'ont semblé neutre et sans goût particulier, mais je ne désespère pas trouver celui qui pourrait me séduire.  Enfin, j'aime aussi découvrir une destination plus exotique et moins connue, comme l'Afrique, la Corée du Sud (voire du Nord, pour peu que Kim Jong-Un sorte de sa bulle), l'Asie du Sud-Est ou le Népal.

J'ai un peu de tout ça dans l'armoire de ma cuisine, et ça déborde quand j'ouvre la porte, donc il est temps de vider le stock.  Le temps de choisir le thé pour inaugurer le blog et je suis à vous dans un jour ou deux.

Par contre, avant de commencer, mettons les choses au point : ne vous attendez pas à ce que je décrive pour chaque thé des dizaines de saveurs différentes.  J'ai parfois du mal à mettre un nom sur les saveurs, d'ailleurs je ne connais pas celle du bois ciré (que je ne mange pas, personnellement), de la boite à cigares (le tabac, c'est tabou !) ou du poisson très cuit (je cuits toujours mon poisson juste comme il faut).  Par contre, je risque de m'étendre plus que de raison sur l'histoire et l'origine des thés.  Chacun son métier, n'est-ce pas ?